L’académie ayant été montrée du doigt par les médias (voir ici), ce qui n’a pas dû être agréable, le recteur a changé son fusil d’épaule. Alors que le strict respect des textes ne devait aboutir qu’à maintenir 3 (ou 4) classes bilangues de continuité (plus une dans le privé), une nouvelle annonce en fait sortir 11 du chapeau (voir ici).

Dans le premier degré,

le dispositif déjà annoncé en janvier d’une sensibilisation des élèves de CM1, CM2 et 6ème est précisé. On ne sait cependant pas comment les 30 collèges et les écoles correspondantes ont été choisis. Le recteur avait assuré en janvier qu’il s’agirait de projets portés par les équipes des établissements. Difficile de dire pour l’instant si le court délai a permis une construction pédagogique réelle ou si seuls les chefs d’établissement ont été sollicités.

Pour le second degré,

on aura 11 collèges publics nouveaux avec une classe bilangue. Il ne s’agit plus de la continuité d’un enseignement de la langue dans le primaire, mais de … en fait, on ne sait pas trop.

Règlementairement, il est difficile de savoir sur quoi s’appuient ces créations. On a bien des critères officiellement retenus par le recteur (« appartenance à l’éducation prioritaire, liens pédagogiques forts avec un collège allemand, nombre suffisant d’élèves dans les classes bilangues existantes, effectifs globaux du collège permettant de garantir la constitution de groupes pérennes. »), qui peuvent éventuellement se défendre, mais qui ne correspondent en rien à l’article 8 de l’arrêté du 15 mai 2015 qui autorise les bilangues. Il y a donc une insécurité juridique sur ces classes. Et d’ailleurs beaucoup d’autres collèges pourraient bénéficier de ces critères.

Ces classes bilangues sont essentiellement en allemand. Il y en a bien une en chinois, mais elle est un peu seule. De même, l’allemand sera obligatoirement enseigné dans tous les collèges en LV2, ce qui n’était pas systématiquement le cas.

Le communiqué du rectorat précise que «  le choix de l’allemand va donc être favorisé au travers de ces dispositifs dans les collèges de l’académie, dans le respect du déploiement des autres langues vivantes », mais on voit mal comment concilier les deux choses !

Un autre problème sera celui des moyens. Le rectorat fournira-t-il lui-même les heures nécessaires aux bilangues ? Et si oui, les prendra-t-il sur les réserves qui normalement sont gardées pour faire face aux créations de classes en seconde phase ? Va-t-on donc échanger la création d’une classe contre des bilangues ? Ou bien les établissements concernés devront-ils financer sur leur DHG au détriment des groupes, de l’AP ou des EPI ? Ou bien encore le ministère va-t-il donner une rallonge ?

De même, si l’allemand est obligatoirement proposé dans tous les collèges en LV2, le maintiendra-t-on même si les effectifs sont très faibles ? Si non, on risque d’avoir des « années avec » et des « années sans », avec des services très éclatés pour les enseignants. Si oui, comment justifier la différence de traitement avec les autres langues ?

Pour conclure, il s’agit de mesures prises dans l’urgence et dont les conséquences et la pérennité posent question. Ne risque-t-on pas dans un an ou deux de voir disparaître une partie des moyens dégagés, par économie ou pour des raisons règlementaires ? 

Les collègues d’allemand auront alors encore une fois été les dindons de la farce :

on leur demande de s’investir dans des projets … qui sont abandonnés quelques années après.

pelleteuse

  • Post category:Mis en avant