Ce deuxième groupe de travail (voir le compte-rendu du premier ici) était censé lancer les chantiers dégagés en octobre, lors des premières discussions. Il a été relativement décevant, nous y reviendrons en conclusion.
Une circulaire sur la gestion des conflits
Il s’agit depuis le début d’un des points de discussion. Les organisations syndicales dénoncent l’inégalité de traitement qui s’instaure en général quand un personnel est en conflit avec un membre de sa hiérarchie. Le second part avec une présomption positive de la part des services du rectorat ou de la DSDEN, le premier est vu de façon plus soupçonneuse. De même, certains “chefs” préfèrent convoquer un personnel sans lui laisser la possibilité d’être accompagnés, pour lui “remonter les bretelles” tranquillement.
Une circulaire académique est actuellement en discussion au rectorat pour donner aux chefs d’établissement et aux chefs de service des procédures règlementaires plus favorables aux personnels, en particulier en rappelant les droits de ces derniers. Nous ne l’avons pas encore eue, mais nous l’aurons avant qu’elle soit diffusée, pour pouvoir éventuellement l’amender.
L’instauration d’une culture du médiateur
Plutôt que de se tourner vers des procédures règlementaires, qui laissent toujours des traces, les organisations syndicales réclament la mise en place d’une possibilité de médiation. Cette dernière a déjà ponctuellement existé et lors de la prochaine réunion, des propositions seront faites.
Il s’agit clairement de faire intervenir des “praticiens” extérieurs, hors hiérarchie (personnels exerçant les mêmes fonctions ou représentants syndicaux par exemple) pour trouver une solution et continuer à travailler ensemble.
Ceci pour éviter que le conflit ne se termine, comme souvent, par la mutation forcée ou d’office du personnel le moins élevé hiérarchiquement. Ou par le congé longue maladie de l’un. Ou des deux !
Une tendance à limiter les chantiers
Quatre autres voies avaient été proposées lors du dernier groupe de travail.
La première était de donner la possibilité d’expression des tensions sur le lieu de travail. Le RSST (registre santé et sécurité au travail) avait été avancé. Il est facilement accessible à tous (sauf pour SUD qui semble ignorer que tous les personnels y ont accès par internet), mais il ne peut pas non plus être le recueil de toutes les tensions. En effet, ce qui y est marqué a une valeur juridique, et l’utiliser pour indiquer tous les petites tensions du quotidien (qui accumulées, amènent parfois au conflit) risque de le rendre illisible. De plus, l’action collective est plus facile que des mentions individuelles qui exposent ceux qui les écrivent.
Rien d’autre n’a été proposé par le rectorat. Sans doute les heures d’information syndicales, si elles étaient régulièrement pratiquées, pourraient permettre de donner un réceptacle à l’expression des tensions, mais elles ne sont pas pour l’instant faites pour cela et beaucoup d’établissements n’en font jamais.
Le deuxième piste était d’instaurer une posture de confiance envers les personnels. Pas réellement d’avancée dans ce domaine. Le rectorat ne semble pas se sentir concerné, renvoyant les choses aux chefs d’établissement et de service.
La troisième voie concernait une mesure du climat sur le lieu de travail. Rien n’a été avancé pour l’instant. Peut-être pourrons-nous y travailler quand le “mesure du climat scolaire” dans les collèges, prévue par la réforme, sera mise en place.
La fatigue n’est pas un problème prioritaire.
La quatrième piste concernait la fatigue. Le SGEN-CFDT a avancé ses propositions à la suite de l’enquête faite sur le sujet. Nous avons dû affronter un réel scepticisme. L’idée de salles de repos sur les lieux de travail fait visiblement sourire le rectorat et certains syndicats. Sans doute est-ce trop changer les habitudes que d’envisager un bien-être au travail des fonctionnaires ?
Toutefois, en insistant, nous avons pu obtenir que les résultats de l’enquête soient examinés lors d’une audience et que la possibilité d’une salle de repos ne soit pas d’emblée considérée comme une idée saugrenue? Cependant, les objections sont déjà avancées : manque de place (pourtant, nous perdons tellement d’élèves !), mauvaise image donnée de la profession (est-ce mieux que des personnels dorment dans leurs voitures au vu des parents et des élèves ?), problèmes d’horaire (les personnels administratifs n’auraient pas le temps, il s’agit pourtant d’une simple organisation du service).
Bref, le combat ne fait que commencer !
Quelques nouvelles pistes
Des discussions ont porté sur la nécessaire formation des personnels qui changent de fonction. Cela paraît évident, mais les personnels administratifs n’ont souvent qu’une formation très limitée quand ils arrivent sur un nouveau poste. Un secrétaire d’intendance, qui n’a jamais en général fait de comptabilité, doit souvent se débrouiller seul. Des demandes ont été faites de formation et de tutorat.
Le SGEN est aussi intervenu pour qu’un tutorat des enseignants débutants (après leur année de stage, sur leur premier poste) soit envisagé. Cela avait été proposé par la DRH du rectorat il y a quelques années, mais est depuis tombé dans l’oubli.
En conclusion : qu’il est difficile de sortir des sentiers battus !
Le sentiment que l’on peut retirer de cette réunion est en premier lieu une impréparation et en conséquence un certain fouillis. Certaines organisations syndicales donnent l’impression de venir “en touriste” sans avoir préparé le groupe de travail. On a ainsi des litanies de plaintes (trop de travail, des parents agressifs, des élèves démotivés …) sans qu’aucune solution ne soit avancée.
Les services du rectorat savent où ils veulent aller (essentiellement la circulaire sur les conflits). Ils tendent à “oublier” les autres pistes avancées. Peut-être dans un soucis d’efficacité, pour cadrer et avancer un chantier sur lequel ils ont la main, mais peut être aussi par manque de volontarisme et d’ambition. Nous sommes souvent renvoyé à l’argument “cela ne dépend pas de nous, mais du chef d’établissement, de la région, du département, de la commune”. Pourtant le personnel subit ses conditions de travail, et ne va accepter éternellement que ceux qui les lui font subir ne fassent rien, sinon se renvoyer la balle.
L’action du SGEN-CFDT est ainsi gênée par une difficulté à faire réagir les services. Les têtes changent constamment. L’enquête du SGEN sur les trajets domicile-travail avait été présentée au rectorat en janvier 2014, il y a 3 ans. Aujourd’hui, plus aucun responsable de l’époque n’est encore en poste et quand on parle de fatigue, en particulier à cause de ces trajets, le problème est mal connu. Il faut tout recommencer.
Enfin nous ne sommes pas beaucoup aidés par certaines organisations syndicales, qui préfèrent rester dans la posture du “combat” ou de la “lutte”, plutôt que de proposer ou d’appuyer des progrès concrets.
Bref, le résultat n’est pas gagné !