annulationLa mobilisation des acteurs de la filière du baccalauréat professionnel Systèmes Numériques (professeurs, parents, élèves, élus, représentants syndicaux) a fini par payer en partie. Le président de la région Normandie, Hervé Morin, a demandé le report du regroupement de l’ensemble des Premières SN à Condé-en-Normandie1, mettant en avant un des arguments principaux des opposants à ce bouleversement : faute d’information, les élèves (et leurs parents) ne s’étaient pas engagés pour ce transfert en s’inscrivant en Seconde. Nous pourrions ajouter que les professeurs de SN soudainement mutés ne le font pas non plus volontairement, surtout quand ils se retrouvent éloignés de leur famille…

Rappelons que la rénovation du BAC PRO SN conduit désormais les élèves de cette filière à choisir une option à partir de la fin de la Seconde, alors qu’ils le faisaient jusque là en fin de Première. Le rectorat et la région estimaient en janvier que seul le lycée Tellier de Condé possédait "les équipements nécessaires et les ressources humaines très spécialisées compétentes et visibles comme telles au national et à l’international" pour leur offrir toutes les options en Première. En effet, il accueillait déjà les élèves de l’Académie en Terminale. Il a donc été décidé que toutes les classes de Première SN de l’académie étaient transférées à Condé à la rentrée 2017, ainsi que les professeurs de la spécialité nécessaires. Le lycée Tellier devait compter à la rentrée 111 élèves supplémentaires et se voir attribuer une enveloppe DGH en hausse de 237,9 h, avec le transfert et la création de postes. Et en dommages collatéraux, des suppressions d’heures et de postes dans les établissements qui voyaient au contraire disparaître leurs classes… Le report du regroupement aura donc forcément des conséquences dans les jours qui viennent sur les DGH des établissements concernés et le mouvement intra (cartes scolaires supprimées, postes au mouvement supprimés).

Les arguments développés par les personnels et par organisations syndicales depuis janvier (voir encore notre déclaration lundi dernier devant le recteur), que ce soit vers la région ou vers le rectorat, n’avaient eu aucun effet. C’est visiblement plutôt le risque politique que l’affaire devienne médiatique, à quelques semaines des élections législatives, qui a fait céder la région.

Le délai supplémentaire d’un an permettra sans doute de corriger la question du manque de place à l’internat (une partie des élèves devait se retrouver en gîte, en attendant des travaux pour l’agrandir). Néanmoins, un report n’est pas une annulation : des problèmes importants, comme la mutation forcée des collègues ou les problèmes de transport en commun pour les élèves, sont juste ajournés. L’inquiétude sur la perte d’attrait de la filière reste forte, car les familles rechignent  souvent à l’idée que leurs jeunes doivent se déplacer loin ou dormir en internat. Elles pourraient avoir tendance à choisir d’autres voies. Et le rectorat a enterré les arguments pour une solution alternative sans transfert massif de classes et de postes, mettant en avant le coût de la mise à niveau des plateaux techniques dans l’ensemble des lycées concernés.

 

1 ex Condé-sur-Noireau