Objet : Pressions sur les collègues dans les CFA publics de l’académie
Monsieur le Recteur,
Suite à une décision du Tribunal Administratif condamnant la pratique de pondération des heures en CFA public, de nombreux collègues enseignant au CFA académique ont porté plainte à leur tour ou montré leur volonté de le faire.
Plusieurs de ces collègues, dans des établissements différents, se plaignent actuellement de pressions orales, qu’ils voient comme un chantage à l’emploi, s’ils ne retirent pas leurs plaintes. Ces pressions ne sont pas qu’un ressenti du personnel ou des maladresses de communication, elles ont été confirmées le 23 mars dans un message écrit de M. Sesboué, proviseur du lycée Tocqueville, à son personnel: "en tout état de cause, les collègues qui envisagent d’intervenir en apprentissage l’an prochain devront renoncer à leur recours". Un ultimatum ne nous semble pas une bonne base pour entamer des discussions avec des collègues dans leur bon droit par rapport à la légalité.
C’est en effet au rectorat et au CFA d’apporter d’abord des propositions satisfaisantes qui amèneraient les collègues à renoncer éventuellement à leurs plaintes. La décision illégale provient du recteur, et non des collègues : ils n’ont pas à subir la moindre pression ou le moindre discours moralisateur pour une erreur de l’administration, qui de plus a été condamnée par la justice ! Nous sommes persuadés que la grande majorité des collègues est assez mature pour prendre ensuite des décisions qui seront les meilleures pour leurs établissements et leurs élèves, si on leur présente objectivement les enjeux du fonctionnement financier du CFA et surtout, si on écoute leurs interrogations, leurs propositions, et qu’on ne se contente pas de les entendre.
Ces pressions sont relayées et amplifiées par d’autres collègues qui s’inquiètent (certes à juste titre) d’un éventuel démantèlement de leur filière, qui serait provoqué par une impasse financière au CFA si les plaintes venaient à aboutir. Nous ne pouvons que déplorer cette dégradation de l’ambiance entre collègues, qu’il serait mortifère de laisser s’enkyster et qui pourrait s’apparenter à du harcèlement : une situation où tout le monde serait perdant.
Des collègues se plaignent par ailleurs qu’on leur forcerait aussi la main dans leur établissement pour accepter des heures de cours en vacation (qui par définition ne peuvent pas être imposées) à côté des heures postes pondérées, sans quoi on ne leur attribuerait pas du tout les classes concernées, sous prétexte que le CFA n’a pas les moyens de payer l’ensemble en pondération (par exemple, 11h de cours réparties entre 10 h pondérées et 1 h en vacation). Il s’agit d’un chantage inadmissible.
Ces pratiques ne correspondent pas au dialogue social que le SGEN-CFDT a toujours défendu et surtout contrastent avec le discours d’apaisement porté par M. Fontaine, directeur du CFA, qui a nié toute volonté de chantage sur le personnel le 25 avril, lors du conseil d’administration du lycée Curie-Corot qui gère aussi le CFA académique.
Les collègues ont été rencontrés par l’administration, ou vont l’être, dans les différents établissements concernés. Des propositions sont en cours d’élaboration et vont nous être apparemment bientôt présentées après décision du rectorat. C’est un premier pas, mais trop tardif et descendant. Nous aurions apprécié que les syndicats représentatifs, soucieux de la survie du CFA académique, porteurs de propositions et prêts au dialogue dans l’intérêt de tous, aient été associés fortement et officiellement en amont dès le début de cette crise.
En l’attente d’une réponse rapide, nous vous prions de croire, monsieur le Recteur, en notre attachement à un service public d’éducation, lieu de dialogue social et de réussite de tous les élèves.
Caen le 30 avril 2017