La réforme du collège est fondée sur une conception de l’enseignement qui est nouvelle pour beaucoup d’enseignants. Au lieu de se dire « l’enseignement de ma discipline nécessite que les élèves aient telles capacités et telles connaissances, donc je vais égrener des séquences travaillant successivement et plus ou moins explicitement ces capacités et ces connaissances ; et même s’ils ne voient à quoi cela sert tout de suite, ils le comprendront un jour », la conception est inversée. Le principe des EPI est que les élèves, face à un projet, se rendent compte qu’ils ont besoin de maitriser telles ou telles capacités et /ou des connaissances particulières. Et qu’ils se tournent ensuite vers l’enseignant pour les acquérir, car ils en ressentent le besoin.
Pour la plupart des enseignants, la démarche est nouvelle et on ne peut pas leur demander de la mettre en œuvre directement. Une formation est donc nécessaire, demandée fortement par le SGEN-CFDT lors des négociations, et promise à plusieurs reprises par le ministère.
Un problème de temps.
Un plan de formation a bel et bien été conçu dès le mois de juillet dernier. Il prévoit 4 à 5 jours de formation pour les personnels. En plusieurs vagues, une partie des enseignants, volontaires, en particulier ceux du Conseil pédagogique, étant destinés à être les premiers formés.
Cela pose des problèmes, car 4 ou 5 jours de formation par enseignant, cela fait beaucoup d’absences. Et il a été décidé en haut lieu, qu’il était inconcevable que tous les cours soient suspendus en même temps (ce qui est tout de même surprenant : n’est-ce pas ce qui est fait lors des rentrées décalées pour les élèves hors sixième, lors du passage ou des corrections du brevet ?). Aussi l’idée a-t-elle germé que la période des vacances pouvait être proposée aux enseignants volontaires.
L’idée vient visiblement du ministère, et tous les recteurs ont été priés de la mettre en œuvre. Bien embêtés, ces derniers sont bien conscients que l’idée est très mauvaise, et ne savent pas trop comment faire. Aussi, repassent-ils le colis piégé aux chefs d’établissements, chargés de trouver des volontaires.
Une formation sur les vacances ? Non !
Le SGEN-CFDT ne fait de la discussion sur les vacances des enseignants un tabou. Si une discussion sur ce thème pouvait amener une amélioration des conditions de travail des personnels et des élèves, en particulier dans le cadre d’un aménagement des rythmes journaliers, pourquoi pas ?
Mais ce qui pose un problème ici et maintenant est le fait d’associer la réforme du collège, qui passe déjà difficilement auprès de nombreux collègues, à un début de remise en cause des vacances. On alimente ainsi en eau le moulin des détracteurs de la première, avec un puissant courant. Et on ne favorise en rien des débats sereins sur le collège et les vacances des enseignants. Inutile de (continuer à) polluer la réforme du collège avec des polémiques qui n’ont pas besoin d’y être associées.
Une formation qui reste largement dans le flou pour les collègues.
A regarder le PAF qui a été publié il y a peu, la formation pour la réforme est encore difficile à saisir. On peut imaginer que pour l’ensemble des enseignants, il y aura deux journées de formation « mise en œuvre des nouveaux programmes cycle 3/cycle 4 », une journée « mise en œuvre de la réforme du collège en EPLE ». Pour le reste, il est possible que le complément vienne des formations sur l’AP en sixième, sur le travail d’innovation en équipe, sur la mise en place de l’EMC (déjà commencée !), ou d’autres modules encore (voir ici). Tout est sur candidatures désignées, à des dates non communiquées ! Et les formations des formateurs ne sont pas plus précises.
Pour rappel : ici les outils syndicaux sur la mise en place de cette réforme.