Madame la rectrice,
GT et dialogue social
Avec nos vœux pour l’année 2021, nous tenons à vous présenter notre satisfaction à la vue d’un dialogue social qui revit après presque deux années de gel. Nous revenons enfin à des pratiques qui relèvent selon certains du mos maiorum, mais qui nous semblent bien plus satisfaisantes que l’ersatz qui nous était imposé jusque-là. Le travail sur les LDG a montré un échange fructueux et une réelle écoute de part et d’autre. Nous constatons une pratique identique dans les travaux autour du CAFOR et du CRAFCCA. Il y a certes encore des pratiques à stabiliser. Il n’est pas toujours nécessaire de réunir un groupe de travail, tous les sujets ne le méritent pas ; et certains thèmes nécessitent par contre plusieurs aller-retours entre partenaires sociaux, donc plus de temps. De plus le dialogue social n’est pas toujours simple. Il peut être rugueux ; il n’est pas exempt de langue de bois et de postures, et ce des deux côtés de la table ; et il n’aboutit pas toujours à un accord. Une chose est sûre cependant : jamais son absence n’amène de la sérénité ou une adhésion des personnels.
Carte des emplois
Un des sujets abordé aujourd’hui concerne la carte des emplois, pour les premier et second degrés, ainsi que pour les personnels administratifs.
Si nous saluons les moyens donnés au premier degré, et ce malgré une baisse des effectifs, nous dénonçons la baisse des moyens alloués au second degré, et ce malgré une stabilité des effectifs. « Dénonçons » à double titre d’ailleurs, puisque le gouvernement et vos documents, Madame la rectrice, tentent d’effacer la suppression de 65 postes transformés en heures supplémentaires. Ce sont bien 150 postes qui sont supprimés en tout. Si la réforme des lycées professionnels peut en expliquer quelques uns (même si le gouvernement le nie), rien par ailleurs, et en particulier pas une baisse d’effectif, ne peut le justifier.
Nous peinons par ailleurs à comprendre les clés de répartition des postes au niveau académique. Pour le premier degré, comment sont prises en compte les priorités gouvernementales que sont l’éducation prioritaire et la ruralité ? Ou bien est-ce seulement le P/E qui sert de guide ?
Pour le second degré, les seuls chiffres explicatifs qui nous sont donnés sont les variations du nombre d’élèves, qui pourtant ne permettent pas d’expliquer celles du nombre de postes que vous proposez.
Nous ne prétendons pas, Madame la rectrice, que vous répartissez ces suppressions de poste au hasard, mais nous aimerions savoir comment vous aboutissez à ce résultat. Plus exactement, ce sont les personnels qui veulent le savoir : l’absence de transparence rend bien plus difficile la suppression d’un poste ou le départ d’un collègue. Les rares informations données ici ne sont pas suffisantes.
Pour les personnels administratifs, aucun projet n’est présenté. Pourquoi ?
Gestion de la Covid
Nous ne sommes toujours pas sortis de la Covid. Malheureusement, l’horizon ne semble pas encore s’éclaircir. Au contraire, des variants font craindre que la transmission soit plus rapide et facile, et que les mesures barrières vont devoir se durcir. Malheureusement aussi, il semble que notre ministère attende toujours le tout dernier moment pour indiquer ce qu’il faut faire. Pourquoi ne pas anticiper les situations possibles et réfléchir dès maintenant aux outils à déployer le moment venu ? Si il y a 10 mois, il était compréhensible que l’Education nationale soit mal préparée, les parents, les élèves et les personnels ne comprennent plus aujourd’hui pourquoi tout est annoncé au dernier moment. Ils apprennent le vendredi soir que les masques « faits maison » ne sont plus admis le lundi suivant ; on annonce le jeudi que la semaine suivante les cantines devront changer d’organisation, comme les activités d’EPS ; enfin, des mesures de dépistage spécifiques à l’Education nationale sont (encore une fois) annoncées, sans que l’on sache (encore une fois) à quoi cela peut correspondre sur le terrain. Et n’évoquons même pas la mise en place des vaccins pour les personnels : il s’agit pour l’instant de science-fiction.
Qui est chargé d’aller dire à Jean-Michel Blanquer que, ministre, c’est un vrai travail ?
GRETA et Ifpra
Le projet présenté pour l’académie normande est d’ampleur. Il engage largement l’avenir, pour des centaines de personnels. Car la formation continue et maintenant l’apprentissage sont des domaines concurrentiels. N’oublions pas que la culture de la fonction publique n’est pas celle de la concurrence, et que nous ne sommes pas les mieux armés dans ce domaine. Après le dépôt de bilan du GIP de Caen il y a deux ans, nous sommes bien conscients maintenant qu’il est nécessaire de bien peser les choix stratégiques et qu’un contrôle extérieur soit fait sur des structures qui brassent des dizaines de millions.
Certes le sujet a été évoqué lors du dernier CRAFCCA et lors d’audiences, mais nous notons que la présentation donnée pour le CTA est très peu développée : quelle est la stratégie que vous voulez mettre en place Mme la rectrice ? Vous héritez il est vrai d’une situation où les acteurs sont pluriels (CFA, GIP et GRETA) et doivent être coordonnés. L’IFPRA semble devoir assumer ce rôle. Mais où seront prises les décisions ? Quelle place sera faite aux acteurs de terrain ? Quel contrôle sera exercé pour éviter des dérives ? Encore une fois, n’oublions pas les leçons de l’histoire récente : le GIP de Caen s’est effondré après une gestion contestable. Les autorités nous ont expliqué qu’elles avaient découvert trop tard les problèmes. Pourtant seuls les salariés ont payé les pots cassés. Personne d’autre. Nous demandons donc qu’au sein de l’IFPRA, soit installée une instance paritaire conséquente, comparable au CRAFCCA.