Chers.ères collègues,

Personnels du rectorat mobilisés contre la fusion des académies, nous souhaitons nous adresser à vous aujourd’hui pour vous inviter à rejoindre la mobilisation en cours.

Depuis plusieurs semaines maintenant, le mouvement d’opposition à la fusion des académies a pris une ampleur considérable, aussi bien ici à Caen qu’à Rouen : tracts et communication active, rassemblements, grève, assemblées, pétition, discussions nombreuses…

En conséquence de cette mobilisation de nombreux agents, le recteur Rolland est en passe d’être remplacé mais le processus de fusion n’est pas abandonné pour autant !

A nos yeux, cette fusion conduite à marche forcée, sans véritable concertation avec les personnels, engendrerait des conséquences négatives : importante désorganisation des services pendant la « période de transition », avec de nombreuses pertes de compétences ; à terme, organisation complexe, faisant perdre en proximité et en qualité du service public, avec une dégradation durable de nos conditions de travail… Selon nous, ni les personnels ni les usagers n’ont à gagner à cette fusion.

Il est encore possible de stopper ce processus. Mais pour ça, il faut être nombreux.ses, encore plus nombreux.ses à se mobiliser. C’est pourquoi nous vous invitons à nous rejoindre dans l’action, sans plus attendre.

Il y a plein de bonnes raisons de se mobiliser… et aussi plein de mauvaises raisons de ne pas le faire ! Nous avons souhaité lister ces dernières ci-après, en expliquant pourquoi elles nous semblent erronées.

Nous espérons que vous porterez attention à cette « interpellation » et que vous prendrez la bonne décision en conséquence. C’est maintenant que les choses se jouent ! Après, il sera trop tard…

Très cordialement,

Les collègues mobilisés.ées contre la fusion

 

« Moi, je ne participe pas au mouvement parce que… »

« Moi, je ne suis pas impacté(e), mon service va être maintenu… donc je m’en fiche (et tant pis pour les collègues qui sont impactés-ées)… »

Ce ne serait pas très sympa pour les collègues de raisonner comme ça…

On a tous.tes intérêt à être solidaires entre collègues, surtout que ça peut tous.tes nous « tomber dessus » à notre tour un jour ou l’autre : service « réorganisé », poste supprimé, gros problème avec la hiérarchie… personne n’est à l’abri alors mieux vaut avoir le réflexe de se « serrer les coudes » !

D’ailleurs, il y a déjà un certain nombre de collègues « non impactés-ées directement » qui se mobilisent !

« Mon service va fermer et je vais donc perdre mon poste actuel mais ce n’est pas un problème car je vais à coup sûr pouvoir passer dans le service X, sur des fonctions qui me conviennent… »

Il n’est pas sûr du tout que vous puissiez « atterrir » là où vous le souhaitez ! En effet, si fusion il y a, il va falloir « reclasser » beaucoup de monde et vous ne serez probablement pas le ou la seul(e) à postuler sur les fonctions que vous visez. Il y a donc un assez gros risque que vous vous retrouviez sur des fonctions que vous n’aurez pas du tout désirées…

Or rien ne vous empêche, si vous voulez changer de fonctions, de participer au mouvement interne qui a lieu chaque année en juin ! Ce serait là une « mobilité » choisie et maîtrisée, tandis qu’une « réaffectation » consécutive à une fermeture de votre service ne va pas forcément répondre à vos aspirations…

« Ca ne sert à rien de se mobiliser : c’est joué d’avance, on ne pourra pas arrêter la fusion… »

C’est sûr que si personne ne « bronche», la fusion va se faire bel et bien…

Rien n’est jamais joué à l’avance. La preuve : devant les oppositions, le ministre a renoncé à fusionner les autres académies… On peut l’amener à renoncer en Normandie également !

Surtout qu’il a lui-même reconnu que les fusions posent de sérieux problèmes, qui pèsent plus que les améliorations qu’elles sont censées apporter… alors la cohérence serait de renoncer en Normandie aussi.

Et dans tous les cas, se mobiliser, c’est exprimer haut et fort qu’on ne va pas laisser faire n’importe quoi de nos services et de nos métiers, qu’on n’est pas des « pions »… et qu’on est solidaires les uns des autres !

A l’inverse, si on ne se manifeste pas, rien n’empêchera qu’on nous mette à n’importe quelle « sauce », qu’on « réorganise » les services brutalement, avec les conséquences négatives que l’on sait…

« Si je me mobilise, je vais me faire mal voir de la hiérarchie et je vais subir des représailles : pression hiérarchique accrue, perspectives de carrière bloquées… voire suppression de mon poste ou non-renouvellement de mon contrat, si je suis contractuel(le)… »

Le droit d’expression syndicale, tout comme le droit de grève, est garanti par la loi, dans certaines limites bien évidemment. Participer à une réunion syndicale, distribuer des tracts, prendre part à un rassemblement sur le parvis du rectorat le midi ou encore faire grève, ce n’est donc pas faire quelque chose d’illégal et répréhensible.

Au contraire : exprimer des idées syndicales, participer à un rassemblement et même faire grève, c’est quelque chose de… bien ! Ca montre en effet qu’on tient à ses fonctions, qu’on se préoccupe du devenir de son administration et du service public, qu’on participe au dialogue social (puisque se mobiliser de diverses manières, ça en fait partie ! ).

Surtout que là, on est vraiment légitimes à se mobiliser car il y a de très bonnes raisons de refuser la fusion !

Une hiérarchie qui sanctionnerait un agent en raison du fait qu’il a exprimé une opinion syndicale ou participé à une action (en restant dans le cadre imparti pour cela bien entendu) commettrait une illégalité.

On sait qu’il y a eu quelques petits « débordements » récemment, ici au rectorat de Caen. Nous nous sommes depuis engagés auprès de la secrétaire générale, par l’intermédiaire de nos représentants syndicaux, à faire en sorte de respecter pleinement la dignité des personnes, les biens ainsi que les horaires de travail. Ceci de manière à ne pas créer de tensions supplémentaires inutiles et, également, à ne pas s’exposer à des sanctions (ou à des retenues sur traitement).

On sait aussi que quand on n’a jamais participé à une réunion syndicale ni à une manifestation ni à une grève ni quoi que ce soit, ça peut être un peu difficile de « franchir le pas » la première fois… alors que c’est pourtant un droit dont on dispose ! Et une fois qu’on a « osé », on est généralement assez fier du « courage » dont on a fait preuve…

En sachant aussi que plus il y a de monde qui se mobilise et moins il est « risqué » de le faire soi-même : quand il n’y a qu’un petit nombre de personnes qui se mobilisent, celles-ci sont fortement « exposées » ; par contre, quand des dizaines et des dizaines (voire des centaines) d’agents « bougent », il y a un effet de masse qui les protège… Ce n’est alors plus être un « vilain petit contestataire » (pour ne pas dire un « vilain petit canard ») que de se mobiliser !

« Etant vraiment « ric-rac » financièrement, je ne peux pas me permettre de faire grève et de perdre ainsi une journée de salaire… »

Déjà, quand on fait grève une journée, on ne perd « que » 1/30ème de son traitement, alors qu’on ne travaille pas 30 jours par mois mais « seulement » 20 ou 21 (mais on ne perd donc pas 1/20ème).

Et quand il y a une grève, une caisse de grève est mise en place, pour les personnels de catégorie B et C et les contractuels, pour compenser (le plus possible) cette perte de rémunération.

« Moi je suis pour la fusion, je pense que ça va apporter plein de bonnes choses… »

On respecte tout à fait ce point de vue (d’ailleurs, au sein du « mouvement », on n’a pas tous.tes exactement le même avis sur la question, loin de là) mais on vous propose d’en discuter ensemble (on ne demande d’ailleurs que ça, de dialoguer, de « débattre » ! ).

« Je n’ai pas tellement réfléchi à cette question de la fusion ; je n’ai pas vraiment d’opinion sur le sujet… »

Et bien il serait temps de réfléchir à la question ! En effet, les choses sont en train de se « jouer », là, maintenant : décret de création de l’académie de Normandie soumis au comité technique ministériel début avril, premiers « transferts » de services programmés pour septembre qui arrive…

Si on n’agit pas maintenant, il sera très difficile d’arrêter le processus par la suite… et on va subir de plein fouet les conséquences de la fusion. Autrement dit : « c’est maintenant » ; après, ce sera trop tard…

« Je laisse les autres se mobiliser « pour moi » ; d’ailleurs ma présence n’est pas indispensable : un.e de plus ou un.e de moins, ça ne change rien, d’ailleurs ça ne se verra même pas… »

Grosse erreur ! En effet chaque personne compte dans une mobilisation, d’autant que se mobiliser soi-même a généralement un effet d’entraînement, de « contagion » sur les collègues… C’est d’ailleurs bien souvent parce que des collègues sont mobilisés.ées qu’on en vient à se mobiliser soi-même et à les rejoindre !

« Ce sont les syndicats qui dirigent et manipulent la mobilisation or moi je suis très méfiant.e envers eux, je ne me laisse pas « embobiner » par ces gens-là… »

Déjà : « les syndicats », ce sont avant tout des personnels, des agents comme vous, qui donnent de leur temps et de leur énergie pour essayer de « faire bouger les choses » dans le bon sens, avec toutes les difficultés et les « risques » que cela comporte parfois. Rien n’interdit d’ailleurs de rejoindre un syndicat, si cela vous semble présenter quelque intérêt !

Les syndicats jouent il est vrai un rôle central dans la mobilisation, notamment parce que selon les textes règlementaires, c’est par le biais des syndicats que les personnels peuvent exprimer leurs revendications.

Cela dit, le « comité de mobilisation » qui se réunit régulièrement le midi pour organiser les différentes actions est ouvert à tous les personnels (syndiqués ou non) et, de plus, les décisions « stratégiques » sont votées en assemblée générale ouverte à tous-tes, de manière démocratique (« un-e collègue =une voix »).

« Moi je suis quelqu’un de constructif ; je ne suis pas dans la contestation systématique… »

Nous, c’est pareil ! 🙂

On aime nos métiers ; on est dévoués.ées au service public d’éducation et on souhaite qu’il fonctionne du mieux possible… et c’est justement pourquoi on exprime notre désaccord avec ce qui est en train de se passer !

Nous, on est prêts.es à discuter sérieusement ; c’est d’ailleurs ce qu’on demande depuis le début de ce processus d’ « expérimentation » puis de fusion. On n’est pas du tout opposés.ées à ce que l’administration évolue… mais dans le bon sens !

(et à Rouen, ils.elles pensent pareil ! )

« Moi je suis quelqu’un de respectueux et responsable ; je ne veux pas m’associer à un mouvement qui enfreint les règles, ne respecte pas les personnes ni les locaux… »

Il est vrai qu’il y a eu récemment quelques « débordements », qui trouvent leur origine notamment dans le sentiment d’exaspération d’un certain nombre d’entre nous qui ne se sentent pas respectés.ées et s’inquiètent fortement pour leur devenir et celui de nos services.

Après discussion avec la Secrétaire générale du Rectorat, un modus vivendi a été négocié, dans l’intérêt de tou.te.s, pour respecter pleinement la liberté d’expression, la dignité des personnes, les locaux et les biens ainsi que les horaires de travail. Si certaines choses vous ont « choqué.e » dans la mobilisation, dites-le nous – et on en discutera volontiers avec vous.

Nous vous invitons à nous rejoindre dans les rassemblements, dans les réunions et les assemblées, dans les prochaines grèves aussi, possiblement… Ceci dans le respect mutuel, la fraternité… et la bonne humeur ! 🙂