L’assassinat de 17 personnes qui avaient le simple tort d’être des journalistes libres, de porter l’uniforme ou d’être juifs a provoqué une réaction d’une ampleur sans précédent. Ce qui s’est passé dimanche dans notre pays dépasse encore largement la compréhension et l’analyse. Et les questions se posent maintenant : qu’est-ce que cela va donner ? Quel rôle l’Education peut-elle jouer ?
Dimanche, la population était heureuse de se retrouver unie, après 3 journées traumatisantes. On sentait une véritable envie de montrer l’existence d’une communauté française, unie autour des valeurs de liberté et de tolérance, refusant le terrorisme, rassemblée contre ceux qui voudraient lui faire peur. Et ce, quels que soient l’origine, la religion, l’engagement politique, syndical ou associatif de chacun.
Pour une fois, Marine Le Pen a partiellement disparu des radars médiatiques. Dieudonné s’est même fait rabrouer par certains de ses partisans après une nouvelle provocation.
Dans les médias du monde entier, l’impact des manifestations d’hier a été considérable, dans une proportion difficilement imaginable auparavant. Aujourd’hui, les journaux américains ne parlent que de l’absence d’Obama à Paris, alors que le peuple français et des chefs d’Etat bravaient les terroristes dans la rue.
Deux siècles après les Lumières et la Révolution, la France reste ainsi le symbole de la liberté d’expression et de la laïcité !
A rebours aussi des discours sur l’enseignement et ses résultats scolaires décevants, on a aussi pu constater que la population française (en tout cas une bonne partie) avait intelligemment identifié et intégré les valeurs de notre République. Le vocabulaire des affiches et des interviews était riche et précis, la pensée construite et sûre.
Mercredi, on pouvait craindre que l’extrême droite raflerait la mise. Aujourd’hui, ce n’est plus si sûr.
L’arrêt de l’immigration ou le rétablissement de la peine de mort prônés par le FN tombent à plat : les terroristes étaient Français, nés en France ; ils voulaient de toute façon mourir : en quoi la peine de mort les aurait-elle retenus ?
Le discours médiatique est aujourd’hui plus clair, avec le remplacement du mot « islamiste », trop facilement confondu avec l’Islam, par celui de « djihadiste » ou « terroriste » . Cette précision permet d’expliquer plus facilement aux élèves que l’équation Islam = terrorisme est fausse.
Enfin, la nette intégration des Musulmans dans les cortèges, comme dans les discours, en tant que Français d’abord, tend à clarifier les choses pour tous les élèves, quelles que soient leurs croyances familiales ou personnelles. Pour autant, et malgré le caractère historique des mobilisations, nous ne faisons pas d’angélisme :
- dans certains établissements scolaires – certes minoritaires- les débats sur la liberté de la presse et sur la laïcité ont pu être difficiles.
- le risque de stigmatisation de la communauté musulmane, les amalgames et les exactions commises contre des mosquées sont aussi des réalités.
- la présence de certains chefs d’état et dirigeants étrangers connus pour leur mépris des libertés, pose question.
Dans une société rongée par le chômage et l’exclusion d’une grande partie de sa jeunesse, les politiques ont une grande responsabilité. L’Ecole doit largement se mobiliser mais elle ne pourra pas tout résoudre.
Les jours qui viennent doivent être pour les élèves -comme pour les adultes- un moment fort de leur identité citoyenne, il ne faut pas le rater. Le besoin de parler, de comprendre est fort, dans les écoles, les collèges et les lycées, nous devons sans réserve nous inscrire dans l’initiative nationale de “mobiliser l’école pour les valeurs de la République”. A cet effet, le site Eduscol dispose de ressources particulièrement riches.
Sgen-Cfdt Basse-Normandie