Il ne faut pas se mentir : le dernier appel unitaire à une grève dans l’Education nationale le 24 janvier dernier n’a pas été une réussite : 13% de grévistes dans les collèges, 10% dans les lycées GT et 8% dans les LP. Les chiffres dans les lycées sont particulièrement difficiles à comprendre. La réforme du Lycée GT est rejetée par tous les syndicats enseignants ; les chefs d’établissement confient facilement leur désarroi face à des difficultés d’organisation qui paraissent insurmontables ; les informations parcellaires destinées aux familles attisent les inquiétudes ; tout le monde craint une aggravation des inégalités sociales dans la réussite scolaire. Dans les LP, si tous les syndicats ne sont pas aussi catégoriques sur les effets de la réforme proposée, ceux qui sont sortis largement majoritaires des dernières élections n’ont pas de mots assez durs pour en décrire les effets.

Pourtant, la mobilisation se limite pour l’instant à quelques établissements, les plus durement touchés par la baisse des DHG.

Pourquoi ? Est-ce la fin de la grève comme moyen d’action ? Trop utilisée, devenue inefficace, peu de collègues y croient encore ? Attend-on plutôt des actions plus radicales (rétention des notes, grève illimitée, boycott du bac …), puisque le mouvement des gilets jaunes a montré qu’une certaine violence, réelle ou symbolique, donnait des résultats ? Les collègues sont-ils réellement remontés contre ces réformes ou au contraire n’écoutent-ils plus les syndicats qui appellent (pour certains) constamment au loup ?

Difficile pour l’instant de donner une réponse. Le problème, c’est qu’il y a urgence : beaucoup de collègues dans les lycées attendent que les syndicats leur proposent une action efficace. Plusieurs pistes sont évoquées : démission des fonctions de PP ou refus pour l’année prochaine de les exercer ; heures d’infos syndicales vers les collègues, pas toujours si bien informés ; tracts distribués aux parents (sous plis fermés) ; votre contre la DHG ; et tout cela en prévenant à chaque fois les journalistes. Cela fonctionne localement et ponctuellement, mais face à un ministre qui n’a que faire de l’avis des personnels et de leurs représentants, voire se nourrit de leur opposition, cela sera-t-il efficace ? Seule une action coordonnée nationalement et intersyndicalement pourrait marquer l’opinion publique, seule à même de faire trembler J.-M. Blanquer. On en est loin !

Les syndicats les plus à gauches ne voient dans un éventuel mouvement dans les lycées qu’une énième possibilité de faire tomber un président haï et appellent à une convergence des luttes avec les gilets jaunes, dans une répétition de grèves de moins en moins suivies (comme celle de mardi). Le SGEN et l’UNSA sont mis à part, car ils ne réclament pas de rester dans la situation actuelle mais veulent une autre réforme. Entre les deux, les autres syndicats font le travail d’appel à la mobilisation, mais sans trop y croire.

Quelle solution ? Elle ne pourra pas venir des petits noyaux militants des syndicats, qui n’ont pas de moyen « magique » de faire reculer un ministre. Seule une mobilisation de la majorité des collègues peut être efficace. Elle ne sera possible que si les appels se font bien contre la réforme actuelle et seulement elle, et ne cherchent pas à englober d’autres revendications qui sortent largement de l’Education nationale. A vouloir ratisser large on fait fuir une majorité de collègues !

Pour rappel, ceux qui veulent s’investir dans le travail sur les DHG dans les lycées GT, disposent sur ce lien d’un guide d’autoformation et un fichier Excel pour faciliter les calculs.

 

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