Pour toutes ces raisons, la CFDT continuera à s’opposer à ce projet de loi.

9 raisons, 9 arguments.

1. Impact sur la santé des agents : Supprimer le délai de carence pousse les agents à venir travailler malades, par peur de perdre une partie de leur salaire, augmentant ainsi les risques de complications de santé ou de transmission des maladies. Cela va à l’encontre des politiques de santé publique, qui prônent l’isolement pour limiter les épidémies.

2. Conséquences sur la qualité des services publics : En raison des exigences spécifiques de nombreux postes de la fonction publique (soins, éducation, sécurité, etc.), un agent malade est moins performant et peut même mettre en danger les personnes qu’il doit protéger ou accompagner. Les jours de carence risquent ainsi de compromettre la qualité des services.

3. Dévalorisation du statut de fonctionnaire : Imposer des jours de carence renvoie une image de défiance à l’égard des agents publics, suggérant qu’ils abusent des arrêts de travail. Pourtant, les statistiques montrent que l’absentéisme dans le public est souvent dû à la nature même des missions, qui peuvent être physiquement ou psychologiquement éprouvantes.

4. Effet limité sur les coûts réels : Bien que la mesure vise à réduire les dépenses publiques, les économies réalisées sur les salaires risquent d’être compensées par une hausse des dépenses de santé liées aux complications d’arrêts de travail trop tardifs. De plus, des agents présents mais malades augmentent le risque d’accidents, de recours médicaux supplémentaires, voire de congés de longue durée.

5. Iniquité par rapport au secteur privé : Si l’objectif est de créer une équité avec le privé, il serait plus pertinent de viser une amélioration générale des conditions de travail. Certains employeurs du privé compensent d’ailleurs ces jours de carence (70% des travailleurs du secteur privé ont une compensation lire ICI). La mesure est perçue comme une punition collective qui ne tient pas compte des réalités du travail public.

6. Facteur démotivant : Instaurer de nouveaux jours de carence peut entraîner un sentiment d’injustice et de démotivation parmi les agents. Cette mesure symbolique pourrait dégrader davantage le climat social au sein de la fonction publique, avec des impacts négatifs à long terme.

7. Particularité des métiers dans l’Éducation nationale : Pour les enseignants, il est immpossible de déposer des congés ou de bénéficier de jours de télétravail (TT) en cas de maladie. Ainsi, un enseignant malade n’a pas d’autre choix que de venir travailler, avec le risque de contaminer ses élèves et ses collègues, ou bien de subir directement les jours de carence. D’autres fonctionnaires peuvent parfois déposer un jour de télétravail flottant ou un congé, mais cela dépend de l’accord de la hiérarchie et du respect des délais, ce qui n’est pas toujours possible. Cela crée une inégalité supplémentaire entre les catégories de fonctionnaires, pénalisant particulièrement les enseignants.

8. Injustice pour les femmes : La réintégration des jours de carence impacte particulièrement les femmes, qui, statistiquement, posent davantage d’arrêts de travail pour des raisons spécifiques comme la maternité, les menstruations ou la prise en charge des enfants malades. Cette mesure peut ainsi aggraver les inégalités de genre en imposant aux femmes un coût supplémentaire, alors même qu’elles sont déjà souvent confrontées à des défis professionnels spécifiques. En ce sens, les jours de carence constituent une pénalisation disproportionnée pour les femmes dans la fonction publique.

9. Désattractivité des métiers de la fonction publique : Alors que l’intérêt pour les postes de fonctionnaires, y compris en tant que contractuel·le, est déjà en baisse et que ce problème reste insuffisamment traité, la réintroduction de jours de carence ne ferait qu’accentuer cette désattractivité. Cette mesure envoie un signal négatif aux potentiels candidats, rendant ces emplois encore moins attrayants et risquant d’aggraver les difficultés de recrutement dans des secteurs où les effectifs sont déjà en tension.