Notre ministre Jean-Michel Blanquer a vraiment du mal à s’y remettre en cette rentrée 2019, côté médiatique en tous cas.

D’abord, la semaine dernière, il se répand dans les médias sur « une augmentation de 300 euros pour tous les enseignants en 2020 ». Cependant, très vite les journalistes ont démonté l’affirmation ministérielle. Il s’agissait d’une part d’un calcul à la hache : des mesures vont coûter globalement 300 millions d’euros ; il y a grosso modo 1 million d’enseignants ; donc cela fait 300 euros par enseignant. Evidemment, cela risque de ne pas être aussi équitable. Surtout, ces mesures n’avaient rien de nouveau. Elles ont été décidées dans le cadre des accords PPCR, donc sous la présidence Hollande. Le gouvernement ne fait qu’appliquer (après un décalage d’un an tout de même pour certaines mesures) ce qui avait depuis longtemps été négocié avec les syndicats.

Cette semaine, rebelote !

Un message envoyé à tous les personnels de l’Education nationale (voir plus bas) vante les accords PPCR : augmentations de salaire à échelon identique, carrière plus  régulière avec la suppression du choix et du grand choix, accès à la hors-classe obligatoire et création de la classe exceptionnelle. Le tout coûtant 1 milliard d’euros supplémentaires  à l’Etat sur 5 ans. Sur le fond, rien de scandaleux dans ce message qui met en avant les avantages de ce protocole PPCR, soutenu par la CFDT (et d’autres). Et il cite bien cette fois-ci le PPCR, signalant qu’il s’applique sur plusieurs années, et pas seulement en 2019. Notre ministre semble avoir compris la leçon. Et bien en fait non.

Là où le bât blesse, c’est la forme : notre ministre a tourné son message de telle façon qu’un lecteur peu au fait de ces sujets pense que c’est ce gouvernement qui est à l’origine de ces avancées. Ainsi le PPCR semble s’appliquer seulement depuis 2017, année de l’élection d’Emmanuel Macron. L’investissement est calculé sur 5 ans, durée, comme chacun sait, d’un mandat présidentiel.

En fait, le protocole PPCR a été signé en 2015, et il concerne l’ensemble de la fonction publique. Son application, en particulier à travers les décrets, a pour l’essentiel été négocié avant l’arrivée au pouvoir du gouvernement d’Edouard Philippe, par Najat Valleaud-Belkacem. C’est en particulier le cas des volets concernant la carrière des personnels de l’Education nationale (et pas seulement des enseignants). Arrivé au pouvoir au printemps 2017, Jean-Michel Blanquer n’a jamais montré une grande sympathie pour ces mesures. Il a cependant dû faire avec, car revenir en arrière aurait été trop compliqué. Cela ne l’a pas empêché d’y mettre de la mauvaise volonté : si la mise en oeuvre des nouvelles dispositions a été aussi chaotique ces deux dernières années, c’est en grande partie à cause de la publication particulièrement tardive des textes techniques signés par le ministre. Ce dernier a même reporté une partie de ces mesures, en particulier les augmentations de salaire prévues au 1er janvier 2018. Sans parler évidemment d’un nouveau gel de la valeur de cet indice, toujours en vigueur.

Il est donc paradoxal que Jean-Michel Blanquer mette en avant les avancées d’un protocole qu’il n’a pas négocié et qu’il a plutôt entravé dans sa mise en oeuvre, voire gelé. Même si son message est suffisamment ambigu pour ne pas être fallacieux, Il est moralement “limite” que notre ministre s’approprie les bénéfices du travail de sa prédécesseure.

 

 PPCR ministre

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