Le nouveau Socle commun a été publié le 18 février 2015 par le Conseil supérieur des programmes. Il pourra donc remplacer les différentes éditions précédentes, plus ou moins encore en vigueur.
Un socle qui définit des objectifs généraux mais pas des compétences ou des connaissances précises, et encore moins des moyens pour les atteindre.
Seuls les attendus de la fin de scolarité obligatoire sont précisés. On ne retrouve pas la longue liste d’items qui avait fini par résumer le Socle précédent, tout en contribuant à le faire rejeter par une majorité de collègues. Ce seront les programmes de cycles et les disciplines qui définiront plus précisément les choses.
Pour le SGEN, il y a un danger que les programmes restent construits sur des conceptions disciplinaires, et qu’accessoirement ils se rattachent au Socle. C’est la démarche inverse, fondée sur les besoins du futur adulte, qui doit être privilégiée.
Plus largement, le collège ne doit plus être conçu comme un “petit lycée”, mais comme le lieu de réalisation du Socle commun pour tous, en continuité étroite avec l’enseignement du primaire.
Pas d’outils d’évaluation donnés mais des précisions sur les conditions d’évaluation du socle
Puisqu’il n’y a pas d’objectifs précis, l’évaluation ne peut pas non plus être définie précisément. Plus de Livret personnel de compétence (LPC) donc. Toutefois, le projet donne des cadres qui sont intéressants. L’objectif est que l’évaluation soit à la fois rigoureuse (qu’elle puisse être assez précise pour aider à la progression) et qu’elle encourage l’élève au lieu de l’accabler.
Le Sgen est d’accord avec ces objectifs, qui ne peuvent se réaliser qu’avec l’abandon de la notation chiffrée. Celle-ci n’est pas assez précise car elle additionne des éléments disparates et ne donne pas d’indications suffisamment claires sur les points forts et les points faibles ; elle décourage facilement les élèves et ne leur permet pas de prendre conscience de leurs acquis.
On trouve ainsi des propositions qui tournent autour de 3 principes :
– faire évoluer profondément l’évaluation actuelle, pour ne pas que l’on reste dans une évaluation traditionnelle du programme disciplinaire plus ou moins adapté aux compétences du Socle. Le Conseil supérieur des programmes demande ainsi la définition d’un statut pour l’évaluation, avec des procédures précises, et une attention à ce que tout le Socle soit évalué, y-compris les tâches complexes.
Pour le Sgen, la mise en place du Socle doit prévoir un plan ambitieux de formation, d’aide et d’accompagnement au sein des établissements. Il faut éviter de refaire lancer les enseignants dans le bain d’une réforme profonde en leur donnant au compte-goutte et après coup le temps de la formation et de l’appropriation.
– Que toutes les compétences soient acquises. Il refuse ainsi le principe de la moyenne ou de la compensation, sauf au sein d’un domaine. Des mécanismes de remédiation pour aider les élèves sont donc à mettre en place au fur et à mesure de la scolarité et en particulier à la fin de chaque cycle. Cette aide doit se faire dans le cadre de la classe, éventuellement en travail par petits groupes, sans isoler l’élève de sa classe. Après la troisième, l’institution doit aider les élèves qui n’ont pas pu atteindre le Socle.
Le Sgen s’oppose aussi aux dispositifs pédagogiques ségrégatifs.
– La mise en oeuvre de l’évaluation repose sur les équipes pédagogiques. L’accent est ainsi mis sur le travail collectif au niveau des établissements.
Pour le SGEN, l’autonomie éducative des établissements doit être large et reposer sur les équipes et non sur les seuls chefs d’établissements. L’autonomie nécessite des moyens pour construire des projets adaptés aux besoins des élèves, projets construits et évalués dans les conseils écoles/collège, les conseils pédagogiques et les conseils d’administration.
Socle et brevet des collèges (DNB).
Il est indiqué que “la maîtrise du socle est validée par l’obtention du diplôme national du brevet et permet à l’élève de choisir sa voie de formation, professionnelle ou générale et technologique.” Si l’obtention du DNB valide de facto le Socle, l’inverse n’est pas obligatoirement vrai. C’est d’ailleurs la situation actuelle : on peut avoir le Socle, mais rater le brevet des collèges.
Le Sgen demande à ce que la validation du Socle, objectif de la scolarité obligatoire, soit la seule condition pour avoir le DNB, sans ajout donc d’un contrôle continu noté et d’une épreuve terminale, écrite et orale.
5 grands domaines
1- Les langages pour penser et communiquer
On y trouve la maîtrise du français, de langues étrangères ou régionales, du “langage scientifique”, qui recouvre logiquement le langage mathématique, les schémas, la cartographie … mais aussi de façon plus surprenante le calcul mental ou la résolution de problèmes, et enfin le langage des arts et du corps. A noter l’introduction des bases de la programmation.
2- Les méthodes et outils pour apprendre
C’est le domaine le plus innovant et sans doute le plus difficile à mettre en oeuvre de façon explicite. Tous les enseignants attendent de l’élève qu’il mette “en oeuvre les capacités essentielles que sont la curiosité, l’attention, la mémorisation, la mobilisation de ressources, la concentration, l’aptitude à l’échange et au questionnement, le respect des consignes”, ou qu’il soit capable “d’identifier un problème, s’engager dans une démarche de résolution, mobiliser les connaissances nécessaires, rectifier une erreur, mettre à l’essai plusieurs solutions, accorder une importance particulière aux corrections ». La façon d’atteindre ces objectifs et leur évaluation est souvent moins évidente, à la fois pour l’enseignant et pour l’élève.
3- La formation de la personne et du citoyen
Il s’agit de faire comprendre et mettre en pratique les règles du vivre-ensemble de notre société : démocratie, tolérance, débat, laïcité, responsabilité, respect des autres …
Pour le Sgen, ce thème doit aussi se traduire dans la réforme prochaine du collège par une place importante faite à l’apprentissage d’une citoyenneté active qui doit créer les conditions d’une vie collégienne plus fraternelle et plus démocratique, donner l’occasion aux collégiens de faire des choix responsables et favoriser leur engagement dans des projets collectifs.
4- Les systèmes naturels et les systèmes techniques
Cela concerne les connaissances et les démarches des sciences et des technologies. A noter aussi une partie sur la protection de l’environnement.
5- Les représentations du monde et l’activité humaine
On y trouve les connaissances qui relèvent de l’Histoire, de la Géographie, de l’histoire des Arts mais aussi les activités physiques, sportives et artistiques.
En conclusion, ce Socle est une bonne base. Cependant, l’essentiel reste à faire à travers des chantiers que la ministre ne doit pas abandonner : la réforme du collège, celle de la notation et la refonte des programmes.