logo sgen cfdtDepuis de nombreuses années, le Sgen-CFDT de Basse-Normandie analyse les avis donnés par les inspecteurs et les chefs d’établissement pour la hors-classe. Il en dénonce, avec d’autres, les dysfonctionnements.

Nous avons donc, cette année encore, travaillé sur les données transmises par le rectorat.

Nous avons dans un premier temps regardé la cohérence entre les notes pédagogiques et les avis mis dans le cadre des inspections. Nous nous sommes limités aux 10ème et 11ème échelons, qui sont quasi les seuls susceptibles d’être promus (environ 800 collègues).

La moyenne des notes pédagogiques pour les 10ème et 11ème échelons est de 47,15.

Si on prend les collègues qui sont très au-dessus de cette moyenne (à partir de 50), qui donc doivent être de très bons enseignants, on constate que 31 d’entre eux ont « sans opposition » de la part de leur inspecteur (39 en 2015, 20 en 2014, 16 en 2013). Il peut bien sûr y avoir des explications au cas par cas, mais il y a une évidente sur-réprésentation des certifiés d’éco-gestion (7) et de l’ensemble SII-technologie (9).

Inversement, quand on isole ceux qui sont très en-dessous de cette moyenne (en-dessous de 44) et qui ont un avis très favorable de leur inspecteur, on trouve seulement 6 collègues, de disciplines différentes. La situation s’est améliorée ici depuis deux ans.

En 2013, l’administration avait tenu compte de nos alertes et avait réuni un groupe de travail sur le sujet. Il en était ressorti que le corps d’inspection devait harmoniser ses pratiques (concentration des avis « favorable » et « très favorable » sur les 10ème et 11ème échelons). Ce n’est pour l’instant pas le cas quand on regarde la répartition des avis dans chaque discipline. Si aux 10ème et 11ème échelons environ 40 % des collègues ont un avis « sans opposition », cette proportion passe à 59 % en Technologie et SII, 65 % en éco-gestion. Ces deux disciplines étaient déjà pointées les années précédentes.

Dans l’autre sens, seuls 10 % des collègues d’Histoire-Géographie et 9 % de ceux de Sciences Physiques ont un avis très favorable, pour une moyenne toutes disciplines confondues de 21 %. On constatait le même phénomène les années précédentes pour ces deux disciplines. Les Lettres dépassent, elles, les 30 %. Il y a donc toujours de fortes distorsions qui existent entre les matières.

Pour les avis donnés par les chefs d’établissement, il semble y avoir une dégradation de l’équité. Les cas extrêmes, tous les avis marqués « sans opposition » ou « très favorable », se sont multipliés. À titre d’exemple, on peut citer le collège d’Avranches, celui de Carentan ou celui de Flamanville pour lesquels tous les collègues ont un avis « très favorable ». À l’inverse, les collèges de Briouze, de Condé-sur-Noireau, du Mèle-sur-Sarthe ou Louise-Michel à Alençon ne connaissent que le « sans opposition ».

On retrouve plusieurs de ces établissements dans la même situation les années passées.

Le principal problème reste cependant que l’on trouve deux types de notation par les chefs d’établissement. Ceux qui répartissent à peu prêt équitablement leurs avis sur les 3 possibles, et ceux qui en privilégient un, voire délaissent quasi complètement les autres. Ainsi, au collège Lechanteur, on trouve 21 avis tous « favorable » ; au collège de Giberville, on a 10 avis « très favorable » et 5 « favorable » ; au collège de Bretteville-sur-Laize au contraire, on relève 14 avis « sans opposition », 5 « favorable » et 2 « très favorable ».

Ces distorsions ne proviennent pas du type d’établissement. En éducation prioritaire par exemple, on a à Villedieu que des avis « très favorable » (11) ou « favorable » (1), comme pour les collègues de Vimoutiers, mais à Louise-Michel, à Alençon, on ne trouve que des « sans opposition » .

On peut aussi comparer deux des plus gros collèges de l’académie. Dans celui de Falaise, un seul avis « sans opposition » sur 21 ; dans celui d’Argences, 8 avis « sans opposition » sur 19, et aucun avis « très favorable ».

Les avis donnés par les corps d’inspection et les chefs d’établissement sont essentiels dans le barème de la hors-classe, ce sont les principaux éléments discriminants dans le classement.

Si nous avions pu noter certaines évolutions positives dans les années passées, on constate aujourd’hui un retour à des pratiques qui installent une iniquité flagrante entre collègues. Il vaut mieux pour son avancement être enseignant de Lettres au collège d’Avranches que prof de Sciences Physiques à Louise Michel !

L’avancement à la hors-classe relève ainsi en grande partie de la loterie. Le seul garde-fou est l’ancienneté qui permet pour la plus grande part des collègues d’accéder à la hors-classe au 11ème échelon.

Les corps d’inspection doivent harmoniser leurs pratiques et le rectorat doit communiquer des règles claires aux chefs d’établissement.

Obtenir une équité relève sans doute de l’utopie, mais les collègues vivent de plus en plus mal ces inégalités de traitement dont ils ont maintenant pris conscience.