L’enquête avait été réalisée au printemps 2013 et avait eu un gros succès auprès des collègues (1350 réponses).
Après un long travail de traitement des données, nous avions demandé une audience à la rentrée.
Etaient présents le secrétaire général de l’académie, la directrice des ressources humaines, la directrice des personnels enseignants (DPE) et le directeur de cabinet du recteur. Nous avons trouvé en face de nous des personnes sensibles aux problèmes soulevés et la discussion a pu être franche.
Nous avons présenté les principales conclusions de l’étude, tout en en marquant les limites. Il s’agissait d’attirer l’attention de l’administration rectorale sur un problème réel mais peu visible dans le bilan social de l’académie. En effet, les déplacements d’un établissement à l’autre sont bien répertoriés car remboursés, ce qui n’est en général pas le cas de la route entre chez soit et son lieu d’exercice. Nous n’avions cependant pas les éléments pour faire une étude complète de l’impact de ces déplacements domicile-travail sur la santé et les conditions de travail des collègues.
Nous étions aussi dans une démarche de proposition et non de simple dénonciation.
Le détail de nos conclusions figure sur notre site. Pour résumer, notre étude met en avant les risques d’accidents et d’arrêt maladie importants pour les collègues sujets à de longs déplacements (plus d’une heure par jour). 25% des collègues concernés ont eu un accident de la route sur ces trajets !
La plus grande partie des collègues concernés n’ont pas voulu cette situation. Ils y sont bloqués pour plusieurs années car leur conjoint ne peut les suivre. Dans la plupart des cas, des enfants sont présents et subissent indirectement la situation.
Ces situations gênent l’intégration des personnels concernés dans leur établissement, voire tendent les relations avec le chef d’établissement.
Enfin, force est de constater que cela ne favorise pas le développement durable, la voiture étant dans 90% des cas le seul moyen de déplacement utilisé. Cela entraîne un non-remboursement massif de ces déplacements.
Si le rectorat résout souvent des difficultés au cas par cas, il est aussi nécessaire de trouver des mesures globales.
Nos propositions portaient sur trois types de réponses.
– ne pas faire trop durer les situations d’éloignement.
Donner une bonification au mouvement intra en cas d’éloignement important pendant X années. Et ce à une échelle infra départementale (le BEC). Le rectorat est prêt à étudier la chose. Il ne veut pas cependant pas empêcher les collègues qui n’ont pas de bonification familiale de pouvoir eux aussi muter au cours de leur carrière.
– Rendre les situations d’éloignement moins difficiles à vivre.
Une possibilité plus grande d’être hébergé sur place avec une harmonisation des conditions d’hébergement. Le rectorat n’est pas contre mais n’a pas la main. C’est en effet en général le Conseil régional qui décide de tarifs et des conditions. Il est toutefois prêt à nous appuyer dans nos demandes.
Une prise en charge des frais d’hébergement. Le rectorat n’en a pas les moyens actuellement. Cependant, comme nous demandions une gratuité de l’hébergement dans les établissements, il est aussi prêt à appuyer notre demande auprès du Conseil régional.
Des remboursements de frais de déplacement pour les stagiaires qui effectuent souvent de nombreux kilomètres et qui ne déménagent pas pour 10 mois. La question est actuellement débattue au ministère.
De même, une prise en charge des frais de déplacement domicile-travail pour les contractuels et/ou un établissement de rattachement, en particulier pour ceux qui sont en CDI. Pour les CDI, comme pour les MA, c’est déjà le cas. Pour les CDD, c’est difficile à mettre en place.Le rectorat est fortement conscient du problème pour des personnels qui sont déjà peu payés.
Un emploi du temps adapté au temps de trajet important avec une prise en compte des horaires de train et une facilité pour les collègues de co-voiturer, essayer de libérer les première et dernière heures, limiter le nombre de déplacements …). Le rectorat répond que les chefs d’établissement ont tout intérêt à prendre en compte ces demandes, dans la mesure du possible, pour établir une ambiance de travail positive. Il est prêt à le rappeler.
– Mobiliser tous les échelons administratifs pour le développement durable dans les transports.
D’une manière générale, faire prendre en compte dans les emplois du temps la contrainte des horaires des transports en commun et la possibilité de covoiturage (création d’un espace sur le site du rectorat ?). Le rectorat est d’accord, tout en mettant en avant l’inadéquation du réseau de transports en commun avec celui des établissements. Pour le covoiturage, il préfère laisser aux sites spécialisés l’exclusivité de la chose.
Un rectorat conscient donc du problème et ouvert à des solutions. Pour l’instant, pas de décisions tangibles, ce n’était pas encore le moment. Le fait d’avoir eu en face de nous une administration qui acceptait la problématique est déjà une victoire. Il y a deux ans, à l’évocation de ces difficultés, nous avions eu une réponse qui niait le problème.
Il ne faut cependant pas mentir : il n’existe pas une solution simple. Les problématiques liées à chacune des disciplines dans le Second degré, les histoires personnelles et les stratégies de chacun, la nécessité d’assurer le service public sur l’ensemble du territoire sont des éléments incontournables. C’est l’ensemble de toutes les « petites » mesures que nous proposons qui permettra d’améliorer la situation.