Présenté en juin dernier au CT ministériel, le décret est paru le 8 septembre, avec un arrêté fixant la rémunération à 20 euros brut de l’heure, avec un maximum à 120 euros par jour. Toutes les organisations syndicales, y-compris donc le SGEN, avaient voté contre.

 

Il y a du bon et du mauvais dans ce décret, le mauvais ayant largement pu être évité avec un peu d’objectivité.

Le bon, c’est la rémunération des enseignants qui acceptent de se former durant les vacances. En particulier, certaines formations nécessitent une longue durée de stage et ne peuvent se faire facilement sur le temps de travail. Jusque-là, aucune rémunération n’était prévue, et donc aucun paiement n’était possible. La mise en place de la réforme des lycées a montré la nécessité de cette rémunération, en particulier pour le nouvel enseignement NSI.

Le mauvais, c’est l’introduction dans ce décret (ce qui n’était pas prévu par la loi) de la possibilité d’obliger les personnels enseignants à 5 jours de formation (plus précisément 10 demi-journées) sur ces mêmes vacances scolaires. Certes, une formation rémunérée, mais obligatoire.

Les formations obligatoires existent déjà (les candidatures désignées), mais elles ont lieu sur le temps scolaire ; là il sera possible de les réaliser sur les temps de vacances.

Pourquoi rendre cela obligatoire ? Certes réduire les absences sur le temps scolaire (on renonce parfois à une formation parce qu’on a peur de ne pas terminer le programme), tout en gagnant une rémunération supplémentaire, peut être vu positivement dans certaines situations. Inversement, se voir imposer une formation qui ne nous intéresse pas à un moment où nous avions bien besoin de nous reposer, c’est inutile et contreproductif.

Il est vrai que contrairement à ce que diffusent certains, on ne pourra pas être appelé à tout moment sans avoir la possibilité d’engager des réservations pour des vacances futures. En effet le décret précise : L’autorité compétente informe les personnels, dès le début de l’année scolaire, des périodes de vacance de classes pendant lesquelles pourraient se dérouler de telles actions de formation. Cependant ce garde-fou est assez faible, car rien ne limité la durée de cette période ; en théorie, toutes les petites vacances peuvent être concernées !

Une autre limite est financière : utiliser la totalité de cette obligation pour tous les enseignants coûterait très cher au budget de l’Etat. Il y a cependant le risque de prendre de l’argent en réduisant l’offre de formation continue et en la limitant aux seuls stages que le ministère considère comme important, comme la mise en place des réformes ou les formations à la gloire des neurosciences.

 

Un décret indemnisant les stages longs, sur la base du volontariat, cela aurait pu être une avancée. En élargissant ce décret pour rendre obligatoire des formations sur les vacances, le ministre montre surtout (et encore) qu’il considère les enseignants comme des fainéants qu’il faut mettre au travail. Qu’importe si toutes les études montrent que nous travaillons au moins 40 heures par semaine et qu’une bonne partie de nos vacances est consacrée aux préparations et aux corrections. Qu’importe que les enseignants vont être le seul métier où la formation professionnelle se fera en dehors des heures de travail, notre ministre reste prisonnier d’une vision héritée de l’époque où il exerçait ses responsabilités pour Nicolas Sarkozy. Une vision dogmatique, bien éloignée de la réalité du terrain.

 

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