La plupart des organisations syndicales représentatives de l’Education nationale avaient appelé samedi 30 mars à une manifestation pour protester contre les “réformes” menées par le ministre J.-M. Blanquer.

Pour l’académie, un rassemblement unique avait été décidé en intersyndicale sur Caen, à 14h.

Dans le contexte social actuel, sachant que des “gilets jaunes” se réunissent régulièrement le samedi après-midi place du Théâtre, il avait été convenu qu’exceptionnellement, la manifestation partirait de la place Fontette.

Le début de la manifestation s’est tout à fait bien passé. Après les prises de paroles, le cortège a commencé à défiler dans les rues commerçantes du centre-ville de Caen, dans une ambiance revendicative mais parfaitement pacifique. Un certain nombre d’enfants accompagnaient leurs parents.

Arrivant au bout de la rue Saint-Pierre, les organisateurs ont pu constater qu’un groupe important de “gilets jaunes” se trouvait devant le château. Un cordon de CRS les maintenait à distance du centre-ville. La situation paraissait tendue.

Il a donc été décidé de raccourcir légèrement le parcours pour éviter de mettre en contact la manifestation pacifique des enseignants avec cette zone de tension. C’est à ce moment que les choses ont dégénéré. Quelques “gilets jaunes” qui accompagnaient le cortège ont pris à partie les syndicats, exigeant que le défilé rejoigne leurs “camarades”. Au milieu de quelques slogans “solidarité”, des insultes ont fusé. Cela n’a pas empêché la tête du cortège de continuer à prendre le “raccourci”. Certains camarades qui tenaient la banderole de tête ont alors cependant disparu.

Certains manifestants ont décidé de rejoindre les “gilets jaunes”. C’était leur choix. Il semble cependant qu’une grosse partie du défilé ait été entrainée de façon involontaire vers cette zone de tension, sur les indications malhonnêtes de certains individus. De nombreux collègues se sont retrouvés contre leur gré au milieu des fumigènes et des gaz lacrymogènes ! C’est ce qui ressort du témoignage de ceux qui ont réussi à revenir vers le défilé plus tard.

 

Nous sommes au courant depuis longtemps que certains prônent une “convergence des luttes”  entre tous les mouvements sociaux. C’est cependant la première fois que nous constatons que de telles méthodes sont utilisées : plutôt que de convaincre par le débat, ce qui est légitime, certains tentent par la tromperie et la menace de forcer cette convergence. C’est évidemment inacceptable et de surcroît contre productif. Il faut vraiment être naïf pour penser que l’on peut convaincre des gens par la menace. C’est trahir les collègues quand on veut dévoyer leurs revendications légitimes vers des objectifs politiques. On ne peut ainsi que les écarter d’une mobilisation qui leur paraîtra malhonnête.