Trop tardif, trop compliqué, trop chiche… Le nouveau protocole élaboré par le ministère pour faire face au rebond de l’épidémie de Covid dans les établissements scolaires ne convainc personne.

D’abord, parce qu’il est arrivé le dimanche après-midi pour le lundi matin. Et qu’en plus, selon son habitude, Jean-Michel Blanquer ne l’a pas présenté en priorité aux principaux intéressés, mais à des journalistes. À ceux du Parisien, plus précisément. Qui en ont rendu compte dans un article payant, réservé aux acheteurs ou aux abonnés du journal. Même le Premier ministre, Jean Castex, a reconnu (sur BFM TV) que « tout ça n’est pas très satisfaisant, je vous le concède. » On a beau avoir l’habitude, et savoir que toute la gestion de la crise sanitaire repose depuis le début sur le dévouement des équipes et leur capacité à se débrouiller toutes seules pour appliquer les consignes venues d’en haut, ce mode de fonctionnement finit quand même par devenir énervant et fatigant.

Ensuite parce que ses auteurs n’ont même pas imaginé qu’il pouvait se heurter à d’insurmontables difficultés pratiques : comment faire, quand les files d’attente s’allongent devant les centres de tests, obligeant les parents qui travaillent à faire demi-tour ? Quand les auto-tests soi-disant distribués par les pharmacies, ne sont pas disponibles ? Quand le nombre de cas de Covid est tel qu’il est matériellement impossible de retrouver tous les élèves devenus cas contacts d’un camarade contaminé ? Quand les fenêtres d’une classe ne s’ouvrent pas, ou pas assez, pour aérer la pièce ? Osons le dire : ce protocole est inapplicable !

Enfin parce qu’il est insuffisant d’équiper les enseignants de « masques chirurgicaux »… avant la fin du mois ! Ce qu’il faudrait faire, c’est équiper TOUS les agents, et le plus vite possible. Et les plus exposés d’entre eux en masques FFP2. Le variant omicron se répand à une vitesse fulgurante : le conseil scientifique estime que, d’ici la fin janvier, un tiers des professeurs seront touchés. Sans aucun rapport avec la lenteur d’une administration restée longtemps passive devant l’épidémie. Maintenir les écoles ouvertes est un objectif louable, mais pas au prix de la santé, psychologique notamment, des personnels. Surtout que l’administration n’est pas en mesure d’appliquer le plan de remplacement dont le ministre se gargarise. Il y avait déjà des pénuries criantes avant la crise sanitaire, alors…

Bref, si l’élève Jean-Michel Blanquer était évalué en contrôle continu depuis mars 2020, sa note ne serait pas brillante.