La France vient encore d’être frappée par un acte qui se veut terroriste. “Terroriste”, qui veut donc inspirer la terreur, la peur, dans le but d’exercer un chantage sur notre société.
On se demande bien cependant quel chantage veulent exercer ceux qui commettent ces actes immondes, que ce soit sur les Champs-Elysées, à Londres ou à Stockholm, à Berlin ou à Nice ? A y regarder de près, on a plus l’impression que ces individus sont des instables, des violents, des ratés, qui satisfont leurs bas instincts en les habillant d’oripeaux djihadistes. Pantins facilement manipulables, ils sont dangereux mais quasiment impossibles à prévenir car souvent sans lien avec les organisations dont ils se réclament. L’Etat islamique semble même s’être trompée sur le nom de celui qui a tué un policier hier soir et a blessé plusieurs personnes ! Les Etats européens luttent, souvent avec succès, contre les cellules mieux organisées, comme le montrent les arrestations régulières en France, en Allemagne ou en Belgique, mais que faire contre des individus dont la radicalisation reste parfois peu évidente, même après leur passage à l’acte ?
On peut imaginer qu’un acte terroriste aussi près de l’élection présidentielle est fait pour influer sur celle-ci. Peut-être pas l’attentat des Champs-Elysées, plus surement celui en préparation par la cellule arrêtée à Marseille. Comment ? En faisant peur encore une fois, en amenant les Français, sous le coup de l’émotion, à porter au pouvoir ceux qui sembleraient apporter les réponses les plus radicales et rapides : mettre sous les verrous tous les suspects potentiels, surveiller, voire réprimer tous ceux qui appartiennent à la religion dont se réclament les terroristes. Et ces candidats jouent le jeu, en utilisant la peur, en la décuplant pour la rendre encore plus effrayante, pour mieux la faire fructifier en votes. Créer des dissensions dans la communauté nationale, monter une partie des Français contre une autre, c’est la seule arme des terroristes ; et elle est maniée par certains “responsables” politiques français avec insouciance !
Les électeurs eux doivent être responsables. Ils doivent exercer leur droit, et leur devoir, sans se laisser impressionner ni abuser, que ce soit par des terroristes ou des hommes politiques pompiers-pyromanes. La CFDT ne donne aucune consigne de vote. Non pas qu’elle se désintéresse du débat démocratique : elle regarde aux programmes, elle a interrogé les candidats (voir ici pour le monde du travail), et a avancé ses propositions (là pour l’Ecole). Mais parce qu’elle est indépendante des partis et refuse donc d’en soutenir un, au risque de ne plus pouvoir contester sa politique. La seule exception est l’appel à ne pas voter Front national, qui n’est pas un parti comme les autres. Son programme économique est irresponsable, son projet social est inégalitaire et xénophobe, et son projet politique est autoritaire et antidémocratique (voir ici).
La CFDT rejette aussi l’abstention, car celle-ci favorisera les candidats les plus extrêmes et les plus éloignés de nos valeurs : celles de solidarité, d’égalité et d’émancipation. Certes nos institutions sont imparfaites, mais s’abstenir n’améliorera pas les choses, cela permettra juste à d’autres de décider à notre place (voir ici).
Olivier Buon, secrétaire général du SGEN CFDT de Basse-Normandie