Le SGEN-CFDT, contrairement à une intersyndicale qui va de SUD à la FSU, n'appelle pas à la grève mardi prochain. Pourquoi ?

Pour le SGEN et la CFDT, la grève n’est pas un automatisme. Nous ne nous disons pas « il y a des problèmes, commençons par faire grève, on verra après ce qu’on peut faire ». Nous ne nous engageons dans une telle action que si elle peut avoir un impact, et seulement s’il n’y a pas d’autres solutions plus efficaces.

Or aujourd’hui, la grève ne nous semble pas être le moyen le plus adapté.

Les dernières décisions du ministre prises jeudi dernier le montrent. Les syndicats, dont le SGEN, sont en contact continuel en cette période de crise avec le ministère. La CFDT relaie nos demandes auprès du premier ministre et auprès de l’Elysée. Ainsi des avancées sont enregistrées sur le baccalauréat et sur la liberté pour les équipes dans les lycées de choisir ou non un semi-confinement.

Si le mécontentement contre l’attitude de Jean-Michel Blanquer est réel, si l’ensemble des personnels est exaspéré par un ministre qui préfère communiquer sur les chaînes d’info continue et auprès du président plutôt que d’anticiper les conséquences de la crise sanitaire, il est clair que ce n’est pas une grève qui changera les choses. Et le problème actuel est bien : quelles conséquences, à court, moyen et long terme, aura cette recrudescence des infections du virus ? Et comment s’y adapter ?

Sur la santé

Se pose actuellement la question de la diffusion du virus, qui devient inquiétante en terme de structures hospitalières, ainsi que celle des personnes vulnérables.

Si les établissements scolaires sont des lieux de diffusion massive du virus, confiner une partie de la population ne sert à rien. Il est cependant difficile aujourd’hui d’avoir une vision précise de ce risque. Le ministre et les autorités académiques pointent le faible nombre de cas dans les écoles, les collèges ou les lycées. Ces chiffres pourraient être sous-estimés, mais de fait, nous n’avons pas syndicalement de remontées contraires. Pour l’instant, aucun cluster lié à la diffusion du virus au sein d’un établissement ne nous a été signalé. Tous les cas identifiés sont isolés au sein des classes, et donc à priori dus à une contamination extérieure. Si au contraire vous constatez une diffusion du virus au sein d’une classe ou suite au repas à la cantine, merci de nous le signaler.

L’autre problème sanitaire immédiat est la protection des personnes vulnérables. Aujourd’hui, ces personnes ne doivent pas venir travailler, car le risque est réel. Si vous êtes concernés, il faut vous signaler très vite à votre hiérarchie. Il n’y a pas d’inquiétude à avoir sur la carrière ou sur le salaire, contrairement à ce que pensent pas mal de collègues. Si vous vivez avec une personne vulnérable, de la même façon, vous pouvez bénéficier de mesures de protection. Il faut là encore vous signaler à la hiérarchieEt nous joindre en cas de problème.

Sur les élèves

Les remontées du premier confinement et de la période de mai-juin, avec un déconfinement partiel, pointaient les effets néfastes sur le niveau scolaire des élèves, mais aussi parfois sur leur santé.

Tout le monde a constaté que le travail en distanciel creusait fortement les inégalités, que ce soit à l’école, au collège ou au lycée. Différentes raisons pouvaient être mise en avant : absence d’aide à la maison, problèmes matériels, démotivation (due aux deux premières raisons mais aussi à la non prise en compte du travail en distanciel pour les évaluations et examens).

Les mêmes causes provoquant les mêmes conséquences, nous risquons de retrouver au moins une partie de ces problèmes. Que le confinement soit total ou partiel (les enseignants des écoles et collèges l’ont constaté en mai et juin, avec un travail en demi-groupes dans un premier temps).

Par ailleurs, les conséquences sanitaires peuvent largement dépasser celle du virus. Les dépressions, les problèmes oculaires liés à la sur-utilisation des écrans, le surpoids (et paradoxalement l’anorexie), les addictions (au sens large, avec aussi l’alcool et le tabac) se sont développées au printemps dernier, en particulier chez les jeunes.

Sur les conditions de travail

 

Evidemment il y a la protection des personnels, comme celle des élèves, déjà évoquée plus haut.

Le confinement total et encore plus le semi-confinement sont des mode de travail qui perturbent considérablement la façon de travailler habituelle. Pour s’adapter, il faut beaucoup de travail, au moins dans un premier temps, pour mettre en place les choses. Cela ne peut pas aller sans une adaptation des exigences au temps de travail normal des personnels. On pourrait espérer aussi que cette fois-ci, le ministre ne laisse pas entendre que les enseignants sont des « décrocheurs », et qu’une reconnaissance du travail supplémentaire (une prime ?) soit donnée.

Et les risques sanitaires déjà évoqués pour les élèves sont valables aussi pour les personnels confinés (au moins les personnes vulnérables, voire tout le monde si les établissements sont fermés).

Ce sont ces problèmes sur lesquels il faut travailler. Dans la discussion avec les services ministériels (voir ici par exemple le travail de la fédération à Paris), dans la concertation avec les équipes dans les écoles et les établissements. Une grève d’une journée nationale ne sera pas plus efficace.