Il est difficile d’y voir clair sur la mise en place du protocle PPCR (parcours professionnel, carrière et rémunération). D’abord, parce que cela concerne notamment la progression de carrière, qui n’est pas toujours facile à comprendre. Ensuite parce que le gouvernement, par des annonces floues et parfois contradictoires, complexifie les choses.

 

CE QUE L’ON SAIT

 

Parmi les certitudes, la création du nouveau grade, la classe exceptionnelle, est actée au 1er septembre 2017 : elle est citée dans les décrets relatifs aux statuts particuliers des personnels de l’éducation, et l’arrêté du 10 mai fixe le taux de promus pour 2017. La progression de carrière se fera donc maintenant sur les deux grades connus jusqu’à présent, la classe normale et la hors-classe, et (possiblement) un troisième, la classe exceptionnelle.

Possiblement, car si le protocole PPCR prévit que tout personnel sur une carrière complète parcourra deux grades, la classe exceptionnelle n’aura pas vocation à être accessible à tous.

Les trois grades des personnels de l’éducation

 

Rappelons ici les conditions d’accès à ce grade, qui sont elles aussi déjà ancrées dans les textes. Il y aura deux catégories de promus (non, pas « les promus qui creusent » et « les promus qui ont un flingue »…) :

 

  • Ceux qui obtiennent la classe exceptionnelle pour avoir travaillé dans des conditions d’exercice difficiles ou sur des fonctions particulières durant au moins 8 années (consécutives ou non). Ils devront représenter au moins 80% des promus. Il faut avoir atteint le troisième échelon de la hors-classe pour être promouvable. La liste des « conditions » et « fonctions » retenues dépend, évidemment, de chaque corps. Le détail au journal officiel, un peu indigeste mais exhaustif. Sinon voir une version abrégée ici.

 

  • Ceux qui obtiennent la classe exceptionnelle pour reconnaitre une valeur professionnelle exceptionnelle. Ils devront représenter au plus 20% des promus. Il faut avoir atteint le dernier échelon de la hors-classe pour être promouvable.

 

En ce qui concerne le nombre de promus, l’objectif est d’atteindre 10% de l’effectif de chaque corps en 2023. La montée en charge est progressive, et doit par exemple atteindre 2,51% dans le second degré et 1,43% dans le premier degré (où il y a moins de hors-classe) en 2017, puis respectivement 5,02% et 2,86% en 2018, etc.

 

CE QUE L’ON NE SAIT PAS

 

D’abord, comment seront déterminés les heureux élus ? Si on sait depuis longtemps que les avis des inspecteurs et chefs d’établissement à l’issue des rendez-vous de carrière seront un point de départ, il faudra forcément départager certains collègues. Et le ministère n’a toujours pas invité les organisations syndicales pour discuter un texte d’orientations dans ce sens.

 

Ensuite, quel est le calendrier ? L’arrêté du 10 mai fixant un contingent pour 2017, nous nous attendons à devoir définir rapidement une première vague de promus (avec effet rétroactif). Mais là encore, nous n’avons pas d’information, et tant que le point précédent ne sera pas réglé, il ne se passera rien.

 

Enfin, comment candidater ? Il est fort probable que pendant quelques années, les collègues promouvables devront déposer un dossier de candidature, les rectorats n’ayant pas forcément trace des conditions difficiles d’exercice du métier (pour les agents ayant travaillé en REP dans une autre académie avant de muter par exemple).

 

En conclusion, à quelques heures d’une journée de mobilisation sur la fonction publique, durant laquelle le problème de la rémunération sera au cœur des revendications, nous ne pouvons pas nous plaindre de la création de ce nouveau grade. En revanche, nous exprimons de profonds regrets quant au lancement poussif de sa mise en œuvre.