<< Yannick Jadot : « Vert » l’inconnu et au-delà >>

Enseignement de Savoirs pratiques

Le candidat écologiste promet de faire des agents de l’Éducation nationale, qui ont subi « la pression de la technocratie, la rigueur budgétaire et le déclassement », la « priorité » de son mandat. On ne va pas s’en plaindre : alors, quelles propositions pour atteindre cet objectif ?

La réhabilitation de l’institution passera par une « conférence de consensus avec l’ensemble de la communauté éducative » pour « rompre avec une culture de l’enseignement intensif » (meuh ?) « et des évaluations anxiogènes pour faire place aux pédagogies favorisant l’accrochage solaire et aux apprentissages par l’expérience », avec un droit « au tâtonnement et à l’erreur ».

Le candidat propose en particulier à tous les élèves, de tous les niveaux, l’acquisition pendant 2 heures de « savoirs pratiques » (réparer, fabriquer, cuisiner, cultiver, jardiner) ; « l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle » ; l’apprentissage des enjeux écologiques (euh, on ne le fait pas déjà ça ? Particulièrement en SVT, EMC et géographie, mais c’est vrai que Yannick Jadot n’a pas été très attentif dans cette dernière matière) ; le renforcement de la pratique sportive… et de baisser le poids des disciplines fondamentales qui serait trop élevé par rapport au restant de l’Europe.

Quelles matières va-t-on raboter pour apprendre à réparer cette fichue machine à café à obsolescence programmée ou cultiver son brocoli 100 % bio à circuit super court ? Le français ? Les maths ? Les sciences ? Les langues ? Allez, au hasard, nous parions sur la géographie !

Des enseignants plus respectés

Le candidat promet aussi une entrée moins brutale et progressive dans le métier d’enseignant (ce qui est une très bonne idée), après des licences « enseigner et éduquer » et deux années de formation associant… tous les enseignants. Nous approuvons la nécessité d’introduire plus de compétences pédagogiques dans le cursus, mais faute de détails explicitant cette proposition, elle nous laisse perplexes, car si nous souhaitons un corps unique, nous ne voulons pas créer non plus des enseignants « interchangeables ».

L’élaboration des programmes sera donnée à une « haute autorité » indépendante du pouvoir et la carte scolaire sera revue afin de combattre la ségrégation sociale. Un système de dotations aux établissements en fonction de la mixité sociale, pour le public et le privé, sera également mis en place dans ce but. Pourquoi pas ? La réforme du lycée sera revue pour intégrer plus de travail collectif et de choix des matières.

Peu de propositions concernent l’enseignement professionnel, à part favoriser le statut scolaire,  restaurer l’enseignement général et développer les filières de la transition écologique. Un point négatif quand on voit que les autres candidats s’y intéressent beaucoup, pour le pire (Pécresse) ou pour le meilleur (Mélenchon).

Enfin, d’un point de vue budgétaire, on retrouve les caractéristiques d’un programme éducatif « de gauche », avec des moyens : recrutement de 65000 enseignants, 5000 personnels de santé, 1000 assistants sociaux, création d’un corps des AESH, création d’un service de remplacement des enseignants, 20 % d’augmentation pour les enseignants en début et milieu de carrière…

foule

Temps de travail : des idées à clarifier

Malheureusement, la volonté de réduire les vacances pour procéder à ces changements va refroidir, et même geler – malgré le réchauffement global – plus d’un enseignant (ainsi que les parents, les élèves, et les professionnels du tourisme !). Car cela signifie quoi ? Que l’enseignant se la coule douce pendant toutes ses vacances et qu’il va devoir pointer davantage de jours dans son établissement pour avoir enfin une revalorisation ? Alors, quelle différence avec ce que propose Emmanuel Macron, c’est-à-dire « travailler plus pour gagner plus », à part une violence verbale remplacée par des mots doux ?

Yannick Jadot se défend en expliquant qu’il ne s’agit pas d’augmenter le temps de travail « réel » des enseignants mais de les « faire travailler différemment ». Nous réclamons en effet une prise en compte du travail invisible… mais pas forcément de travailler dans les établissements plus de jours dans l’année ! Le problème du rythme scolaire est un vrai débat. Qu’ont à gagner les enseignants ou les élèves du fait de venir en établissement plus de jours sur l’année ? Un rythme de travail moins important au quotidien ? Il faudra alors une modification du statut et des obligations de service, ce que reconnaît M. Jadot. Même si cela nous était favorable dans un premier temps, que ferait ensuite un autre gouvernement de ces changements s’ils étaient actés ?  Yannick Jadot serait-il assez naïf pour ne pas imaginer qu’un gouvernement de droite n’aurait plus qu’à alourdir ensuite le service quotidien, tout en ne revenant jamais sur les vacances perdues ? Est-il conscient qu’il dégoupille une grenade en s’attaquant au statut ?

Rien que pour cela, nous ne validons pas Yannick Jadot, malgré des propositions parfois très intéressantes ! A plusieurs reprises, le flou, voire le côté utopique de ses propositions laisse penser à un guêpier dont les personnels ne sortiraient pas indemnes, malgré les bonnes intentions. A l’inverse des candidats nostalgiques qui veulent revenir en arrière, on rêve ici de tout transformer et d’aller de l’avant, mais sans vraiment peser le poids des conséquences et du long terme (ce qui est un comble quand on défend le développement durable)…

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