Le programme « éducation » du candidat Mélenchon

Alors que l’extrême-droite fantasme sur une école rancie façon Amélie Poulain version sado-maso, que LREM et LR fantasment sur une libéralisation mortifère et l’assassinat du métier d’enseignant, le leader insoumis souhaite carrément revenir sur toutes les réformes depuis 15 ans. Un retour à l’école des années Mitterrand-Chirac ? Nous devons donc ressortir nos rétroprojecteurs et nos transparents ?

Il serait malvenu de notre part de contester que certaines réformes, en particulier celles du quinquennat passé, méritent amplement d’être revues et corrigées. Nous avons dénoncé ici plus d’une fois les erreurs et les dysfonctionnements des réformes des lycées. Nous avons pu également dénoncer certains éléments pointés par le candidat insoumis, liés essentiellement aux expérimentations (ultra)libérales inquiétantes et aux réformes mal ficelées et brutales de Blanquer : moyens octroyés à des objectifs locaux (expérimentation de Marseille), manque de dédoublements automatiques et baisse des heures disciplinaires de matières générales en bac pro, risques de mise en danger du cadre national des diplômes, etc. De même, il n’est pas interdit de réfléchir aux rythmes scolaires. Le rétablissement des commissions paritaires nous semble évidemment souhaitable. Nous n’allons pas non plus discuter outre mesure les propositions pour donner en priorité les fonds publics aux établissements publics et non aux établissements privés, en particulier pour l’enseignement professionnel sévèrement touché par la réforme de la taxe d’apprentissage.

Cependant, nous ne pouvons pas approuver d’autres propositions comme la suppression de toute part de contrôle continu aux examens du brevet et du bac, qui ne nous semble pas du tout un élément d’inégalité devant l’examen, car le contrôle continu valorise au contraire l’effort de l’élève pendant toute l’année. Évidemment, les dispositifs aberrants de la réforme du lycée n’en ont pas donné une bien belle image… Le retour souhaité des options au collège ne doit pas avoir pour conséquence de revenir aux classes de niveau des décennies précédentes ! Le retour au bac pro en 4 ans nous semble étrange : ne serait-il pas plus intéressant d’adapter cette durée selon les besoins des élèves, en proposant des parcours en 3 ou 4 ans ? Nous ne comprenons pas du tout l’intérêt de doubler le nombre de postes à l’agrégation : nous voulons un corps unique, et en finir avec l’élitisme. Le recours à l’obsession du « cadrage », évoqué à plusieurs reprises, ne doit pas être excessif : nous comprenons qu’il s’agit a priori d’éviter l’autonomie des établissements (en fait, des chefs d’établissement) à la Macron-Blanquer que nous dénonçons aussi dans ces pages et qui n’est pas du tout l’autonomie des équipes que nous appelons de nos vœux. Mais attention au corsetage ! Combattre l’ultralibéralisme ne doit pas aboutir à tuer toute marge de manœuvre…